Depuis une semaine, la tragédie ayant coûté la vie à une centaine de soldats tchadiens jette une ombre sur l’opération Haskanite et sa gestion politique et médiatique. Cette tragédie a mis en lumière une gestion de la communication déplorable, avec des conséquences diplomatiques, morales et politiques. La télévision de propagande vient de diffuser un passage où l’on voit le président paniquer pour un simple frottement d’épaule alors qu’il était en virée sur un bateau. Dans un pays où la gouvernance fonctionne de manière transparente et stratégique, la direction de la communication présidentielle aurait dû scrupuleusement filtrer et valider chaque image du chef de l’État avant sa diffusion, surtout en période de crise où la solidité du commandement doit être irréprochable. Cette séquence affaiblit gravement l’image d’un président qui, quelques minutes plus tôt, exhortait ses soldats à « mourir pour leur pays ». Autre détail, le président et les militaires l’accompagnant ne portent pas de gilet de sauvetage. Cette négligence a causé la perte de cinq soldats hier, tous morts noyés après que leur embarcation a chaviré. L’armée doit d’urgence commandé des gilets de sauvetage pour ses soldats en opération dans le lac.
Hassan Bouyeberi, en charge de la communication présidentielle et noyé dans la consommation excessive du cannabis, adopte une posture autoritaire, étouffant la presse privée tchadienne et se détournant ainsi des standards de rigueur et de responsabilité. Une telle mainmise, alliée à un manque d’ouverture et de coordination, reflète une gestion de la communication en temps de guerre qui, au lieu de rassembler et d’inspirer, divise et démoralise. Les critiques en interne sont d’ailleurs nombreuses : un fonctionnaire de la présidence, sous couvert d’anonymat, confie à TchadOne que Bouyeberi « monopolise l’accès aux informations, empêche la critique et prend le contrôle des médias d’État, tout en s’isolant dans un autocratisme dangereux. Personne n’ose dire la vérité au président de peur de s’attirer les foudres d’une imitation médiocre de Raspoutine». En procédant ainsi, la présidence se prive d’une source précieuse de contrôle et de conseil interne, et les conséquences sont lourdes pour l’image du président, pour la confiance de la population et pour la crédibilité des institutions.
La communication en période d’opération militaire ne peut être laissée à l’improvisation. Dans la lutte contre le terrorisme, la maîtrise de l’image et du discours est cruciale : elle doit refléter la solidité du commandement, inspirer la population et rassurer les soldats. Une communication cohérente et maîtrisée est, au même titre que les opérations militaires, un pilier fondamental de la résilience nationale face aux défis sécuritaires. Le Tchad, en première ligne contre le terrorisme, ne peut se permettre des failles dans sa communication. La transparence, l’efficacité et la stratégie sont essentielles pour unir les citoyens autour de la défense nationale et pour montrer au monde un visage de détermination et de force.
Correspondance particulière TchadOne à N’Djamena