À Hawassa, ville du sud de l’Éthiopie, située à 250 kilomètres de la capitale Addis-Abeba, Mitike Paulos, 24 ans, sa jeune sœur et trois amis fabriquent des sacs et ceintures de cuir destinés à la vente. Mitike et sa sœur ont appris ce métier de leur frère, qui enseigne à Addis-Abeba à l’Institut public de développement de l’industrie du cuir. Ils ont commencé leur activité en 2011 avec un emprunt de 35 000 birr (2 000 dollars) et emploient aujourd’hui 10 personnes. Ils espèrent augmenter la production et embaucher plus de personnel.
Le gouvernement éthiopien encourage les jeunes à créer de petites entreprises afin de réduire leur taux de chômage, qui d’après les estimations officielles dépasse 50 %. Avec 90 millions d’habitants, ce pays est le deuxième le plus peuplé d’Afrique et produit plus de 150 000 nouveaux diplômés chaque année. Le gouvernement souhaite désormais orienter la main-d’œuvre qualifiée vers les projets de construction à grande échelle menés à travers le pays, dans les secteurs de l’énergie hydroélectrique, du chemin de fer, des routes, du logement, de l’approvisionnement en eau et de l’irrigation.
Les méthodes du gouvernement
Les jeunes Éthiopiens qui souhaitent devenir entrepreneurs sont encouragés à se regrouper afin d’accéder aux services de microfinance. L’Agence fédérale de développement des microentreprises et des petites entreprises leur donne une formation à la création d’entreprises et la gestion. L’agence fournit également un soutien financier aux jeunes créateurs de petites et moyennes entreprises dans des domaines tels que le textile, le cuir, l’agriculture, le commerce, le bois et l’acier.
Améliorer l’emploi des jeunes
L’ambitieux plan quinquennal de croissance et de transformation de l’Éthiopie (2010-2015), qui prévoit le développement de zones industrielles et la construction de près de 16 000 kilomètres de route, devrait, à terme, réduire considérablement le chômage. Ce plan vise également à augmenter la production d’énergie, du niveau actuel de 2 000 mégawatts à 8 000 mégawatts, et à construire une ligne ferroviaire de plus de 2 000 kilomètres. Ces projets emploient déjà des centaines de milliers de jeunes et d’autres recrutements sont en cours.
D’après les chiffres officiels, dans les secteurs formel et informel, plus de 1,4 million d’emplois ont été créés entre 2006 et 2010, et plus de 1,2 million en 2011 et 2012. La plupart des personnes embauchées étaient des jeunes.
Davantage d’efforts
Cependant, tout le monde n’est pas satisfait de cette stratégie gouvernementale. Samson Wolle, chercheur principal chez Access Capital Services Share, entreprise et institut de recherche d’Addis-Abeba, désapprouve les « grands projets » du gouvernement, qui durent souvent plusieurs années mais qui, une fois terminés, n’offrent selon lui plus beaucoup de travail. Des milliers de jeunes se retrouvent ainsi au chômage. M. Wolle souhaiterait que les petites entreprises existantes bénéficient de financements durables favorisant leur croissance.
M. Wolle estime qu’il faut instaurer des conditions favorables afin d’attirer les investisseurs nationaux et étrangers dans le secteur des industries technologiques à forte intensité de main-d’œuvre. Il faut à cette fin commencer par améliorer l’accès à l’électricité et à l’eau potable, ainsi que l’accès à une éducation de qualité, aux hôpitaux et autres services sociaux. Cela, soutient-il, permettra de réduire l’exode rural et d’encourager les jeunes diplômés à travailler dans les régions rurales de l’Ethiopie, qui ont fortement besoin de main-d’œuvre instruite et qualifiée.
Malgré ces critiques, on considère généralement que l’Éthiopie est bien partie pour combattre le chômage des jeunes.