Dans un mélange de frustration et de colère, le dictateur tchadien a quitté subitement les Émirats arabes unis, où il avait été reçu avec un mépris manifeste. L’avion présidentiel tchadien a décollé de l’aéroport d’Abou Dhabi en direction de Ndjamena à 18 heures, heure locale. Par mesure de sécurité, l’appareil a été déconnecté du système de reconnaissance satellitaire et son itinéraire a été modifié, passant par l’Ouganda, la RDC et la RCA au lieu de la voie habituelle par le Soudan du Sud, la RCA et le Tchad. Malgré ces précautions, les observateurs de TchadOne ont repéré le Boeing 737 s’orientant vers le nord-est en direction de l’Ouganda.
Après quatre jours a faire le pied de grue dans un hôtel à Abou Dhabi, Mahamat Kaka a été doublement humilié : il n’a pas obtenu d’audience avec le président des Émirats, et a découvert à la…télévision que Mohamed Ben Zayed s’était rendu ce samedi en Égypte sans même l’informer. Le vendredi MBZ recevrait à l’aéroport le roi de Jordani alors que Kaka se trouvait dans son pays depuis le mardi. Pris de colère et humilié, le dictateur tchadien a ordonné un départ précipité avant même la rupture du jeûne, selon une source de sa délégation.
Ce mépris affiché par les Émirats envers le régime tchadien s’explique par deux raisons majeures. D’abord, les incessantes visites de Kaka (six en un an) et ses demandes financières répétés ont irrité au plus haut point les dirigeants émiratis. Ensuite, l’inconstance et l’incohérence de la junte tchadienne dans son soutien au Général soudanais Hemedti dans sa lutte contre les Forces Armées Soudanaises ( SAF) du général Burhan ont également pesé dans la balance. Malgré les millions de dollars versés à Kaka et à son acolyte Idriss Youssouf Boy, les FSR rencontrent des difficultés militaires. Les Émiratis ont pressé Kaka de mettre à leur disposition des hommes pour une opération d’envergure au Soudan, ce qui place le dictateur tchadien sous une double pression : celle de son armée et celle des occidentaux qui le dissuadent de toute intervention dans le bourbier soudanais.
En pleine campagne présidentielle et confronté à des problèmes chroniques de trésorerie, le dictateur tchadien avait demandé une aide financière de 150 millions de dollars aux Émirats, demande qui a été naturellement rejetée. Selon nos sources, il aurait reçu en liquide 5 millions de dollars, le temps de « réfléchir » à inflexion majeure sur la question soudanaise.
Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena