[Le Tchad est confronté à une crise politique et institutionnelle sans précédent depuis la mort du président Idriss Déby en avril 2021. Le régime dirigé par son fils Mahamat Idriss Déby a pris le pouvoir en promettant d’organiser des élections dans un délai de 18 mois, mais n’a pas honoré cet engagement. Les décrets pris jusqu’à présent par le régime en place sont discriminatoires et injustes. Ils suscitent la méfiance et la contestation de la société civile et de l’opposition, qui dénoncent une volonté de pérenniser le régime militaire et de museler toute voix dissidente. Plus grave encore, ces décrets sont exclusifs et empreints de mépris.
Le régime actuel cherche à consolider sa légitimité et sa popularité auprès de la population tchadienne en mettant en avant son héritage familial et en distribuant des postes clés à ses partisans. Cependant, ces motivations ne justifient en aucun cas le caractère exclusif et méprisant des décrets du régime, qui bafouent les principes démocratiques et les droits humains. Le régime se montre sourd aux revendications des forces vives du pays, qui réclament une transition inclusive, transparente et respectueuse de la Constitution. De plus, le régime fait preuve d’une répression violente à l’encontre des manifestants pacifiques, des journalistes indépendants et des défenseurs des droits de l’homme, qui subissent des arrestations arbitraires, des intimidations et des tortures. Le régime se rend ainsi coupable de graves violations des libertés fondamentales, qui risquent d’aggraver la situation sécuritaire et humanitaire du pays.
Face à ce constat alarmant, la vigilance est de mise pour les acteurs nationaux et internationaux qui œuvrent pour une transition pacifique et démocratique au Tchad. Il est impératif que le régime respecte ses engagements en matière d’organisation d’élections libres et crédibles dans le délai fixé et qu’il s’abstienne de toute ingérence dans le processus électoral. Il est également indispensable que le régime ouvre un dialogue sincère et constructif avec toutes les parties prenantes, y compris l’opposition, la société civile et les groupes armés, et qu’il applique l’intégralité de l’accord de Qatar afin de trouver un consensus sur les modalités restantes de la transition et les réformes nécessaires.
Il est enfin essentiel que le régime garantisse le respect des droits de tous les citoyens, sans discrimination ni favoritisme. Le respect des droits est la base d’une société démocratique et pacifique, où chacun peut exprimer ses opinions et participer à la vie publique. Le régime doit donc veiller à protéger les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de tous les individus et groupes, et à sanctionner toute violation de ces droits, conformément aux lois.]
Correspondance particulière