L’Union des Syndicats du Tchad (UST) a renouvelé lundi l’ordre de grève dans les secteurs de la santé et de l’éducation pour protester contre les mesures d’austérité.
A l’Hôpital général de la capitale N’Djamena comme à l’Hôpital de la mère et de l’enfant, les employés assurent un service minimum.
« Par acquis de conscience, nous assurons uniquement le minimum aux urgences », a indiqué un infirmier au service des urgences de l’hôpital général.
Même grogne dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement. Depuis le 15 septembre, date de la rentrée scolaire au Tchad, élèves et étudiants ont empêché la tenue des cours dans les établissements publics de l’ensemble du pays.
Collèges, lycées publics et universités sont restés fermés, de nombreux enseignants réclamant le paiement d’arriérés de salaires.
Mardi dernier, les syndicalistes étaient ressortis frustrés d’une rencontre, normalement prévue avec le premier ministre, lors de laquelle le ministre de la Fonction publique chargé du dialogue social avait annoncé que désormais 80% des indemnités seraient réduites. «La réduction de ces indemnités concernent tous les agents de l’Etat (…) pendant 18 mois», avait dit à VOA Afrique Michel Barka, le président de l’UST, déplorant que la mesure soit «tombée sans aucune négociation», et indiquant que le syndicat avait aussitôt convoqué le Conseil national syndical qui devait se réunir jeudi pour prendre «la décision qui s’impose».
La semaine dernière, quatre leaders étudiants avaient été brièvement arrêtés puis libérés lors de manifestations à N’Djamena contre la suppression de leurs bourses d’études.
L’enseignement supérieur privé se joint au mouvement
« Les établissements privés supérieurs sont priés de suspendre les cours sur toute l’étendue du territoire à partir de lundi jusqu’à mercredi », a également demandé dans un communiqué l’Association tchadienne des institutions privées d’enseignements supérieur.
L’UST avertit le gouvernement que « s’il met en application sa décision qui consiste à réduire de 80% les indemnités et primes des agents de l’Etat, il négociera avec tous les travailleurs dans la rue ».
Etudiants et fonctionnaires protestent contre les 16 mesures d’austérité prises en conseil extraordinaire des ministres début septembre, moins d’un mois après l’investiture du président Idriss Deby Itno pour un cinquième mandat.
Les mesures prévoient notamment « la révision des critères d’attribution des bourses des étudiants, la réduction de la taille des organigrammes des ministères, et la réduction de 80% des indemnités » de toutes les personnes nommées par décret à des postes de responsabilité, avait alors détaillé la porte-parole du gouvernement, Madeleine Alingue.
Le Tchad traverse actuellement de grandes difficultés économiques à cause de la chute des cours du baril, mais la société civile dénonce depuis plusieurs années des cas de corruptions qui seraient à l’origine de nombreuses pertes financières de l’Etat.
VOA avec AFP