Depuis l’éclatement de l’affaire Savannah et la crise diplomatique qui s’en est suivie, la junte tchadienne a cherché à montrer un front uni. Cependant, des fissures dans cette unité ont commencé à émerger. Selon des informations obtenues par TchadOne, lors du conseil extraordinaire des ministres tenu le lundi 24 avril, le ministre de l’Enseignement Supérieur, le Dr Tom Erdimi, a exprimé son désaccord quant à la gestion de cette affaire. L’ancien coordinateur du projet pétrole dans les années 2004 a fustigé « l’amateurisme et l’opacité » entourant la « nationalisation précipitée et anachronique » des actifs d’Esso et a mis en garde contre ses « conséquences économiques et sociales » . D’autres membres influents du gouvernement partagent également certaines inquiétudes quant aux conséquences économiques et sociales du jusqu’au-boutisme du jeune dictateur et de ses proches.
Il y a déjà un mois, le ministre délégué à La Défense, le Général Idriss Abderaman Dicko, avait vivement critiqué le ministre du pétrole Djerassem le Bemadjel, responsable de la grave crise de 2014 via son emprunt mafieux de plus d’un milliard de dollar. Bien qu’il soit très impopulaire au sein du gouvernement, Djerassem le Bemadjel reste soutenu par le Général Idriss Youssouf Boy, le véritable patron de la présidence. De son côté, Saleh Kebzbo est complètement écarté de ce dossier, qui est géré par le duo Kaka-Boy.
Ces divisions au sein du gouvernement tchadien risquent de compliquer davantage la résolution de l’affaire Savannah, qui a déjà créé des tensions diplomatiques avec le Cameroun et sapé la confiance des investisseurs dans le secteur pétrolier tchadien. Il reste à voir si la junte parviendra à maintenir son unité et à gérer la crise avec succès. De lourds doutes persistent.
Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena.