En séjour à Amdjarass, où il célèbre son septième mariage, Mahamat Kaka a saisi l’opportunité pour « superviser » la prestation de serment des nouveaux membres du Conseil Constitutionnel. Ces images, jugées indécentes par de nombreux tchadiens, révèlent le rapport particulier que les bambins à la présidence entretiennent avec les institutions. À la tête de la Cour Suprême, la plus haute juridiction du pays, on retrouve Samir Adam, un magistrat corrompu affilié au MPS, qui a fait, sans honte, le pied de grue à Amdjarass. Pendant ce temps, le Conseil Constitutionnel a « élu » Jean-Bernard Padaré, un escroc au casier judiciaire long comme un bras, naturellement membre du MPS.
Au-delà des préparatifs pour l’élection présidentielle à venir, cette activité trépidante révèle une certaine panique au sein du parti MPS ; parti qui avait désigné le chef de la junte comme candidat mais qui n’a reçu aucune réponse de l’intéressé. L’irruption du premier ministre Masra sur la scène politique, son succès incontesté en matière de communication, et le soutien massif de la base des Transformateurs à leur leader ont déstabilisé les stratèges du pouvoir. Les tensions au sein du haut commandement militaire, notamment les incertitudes quant aux compétences politiques de Kaka pour diriger le pays, incitent le pouvoir à accélérer ses plans. Pourtant, tous les analystes sérieux demeurent sceptiques quant à la capacité de Kaka à mener une campagne, à s’autoproclamer vainqueur de la prochaine présidentielle, à maintenir la cohésion au sein des organes de sécurité, le tout sans déclencher une grave crise post-électorale.
Dans l’attente de l’échéance fatidique, marquée par le face-à-face entre le Tchad du passé et celui à venir, Kaka, tantôt en talonnette, rend visite à Poutine ; tantôt incognito, célèbre son mariage à Amdjarass ; en boubou blême et hagard, il reçoit la soumission d’un escroc qu’il a adoubé président du Conseil Constitutionnel. Un spectacle comique, si la situation du pays n’était pas aussi tragique.
La rédaction TchadOne