Dans les vingt-quatre heures suivant l’annonce du décret augmentant le prix du carburant, les effets se font ressentir de manière brutale sur le quotidien des Tchadiens. Le prix du pain grimpe en flèche de 30 %, atteignant désormais 150 FCFA par baguette. Cette hausse généralisée touche également les transports urbains et interurbains, avec une augmentation de 20 % des tarifs des courses en taxis et des clandomens. Les produits de première nécessité tels que les pâtes, les farines de maïs, de mil et de blé, constituant l’alimentation de base pour la majorité de la population, subissent une inflation sans précédent. À l’approche du ramadan, où les dépenses alimentaires augmentent traditionnellement, les Tchadiens se retrouvent confrontés à une situation financière de plus en plus précaire.
Pendant ce temps, le dictateur, loin de faire preuve de compassion envers son peuple, réagit de manière provocatrice en justifiant cette mesure impopulaire par le biais de son service de presse. Il évoque la possibilité que les revenus générés par cette augmentation du prix du carburant soient utilisés pour soutenir les Tchadiens les plus vulnérables et contribuer au développement de l’énergie. Une ironie cruelle face à la détresse croissante de la population. La question se pose alors : comment un pays riche en ressources pétrolières et doté d’une raffinerie peut-il infliger de telles souffrances à ses propres citoyens ? Les Tchadiens sont désormais contraints de prendre conscience que le règne en place risque d’être plus oppressant que celui de ses prédécesseurs, et d’en tirer toutes les conclusions politiques qui s’imposent.
Pour justifier cette mesure inique, le régime avance l’argument de l’alignement des prix du carburant sur ceux des pays voisins afin de lutter contre la fraude. Cependant, cette justification ne convainc guère. Pourquoi les Tchadiens devraient-ils supporter seuls le poids de cette politique, alors que l’État pourrait tout aussi bien agir pour prévenir la fraude, notamment celle orchestrée par des généraux influents ? Selon des sources de TchadOne, le régime s’apprête à percevoir plus de 200 milliards de FCFA de taxes grâce à ces mesures controversées. Des fonds qui seront détournés sur des comptes spéciaux pour financer la campagne électorale en cours et potentiellement réprimer toute opposition politique. Cette décision politique vise également à mettre le Premier Ministre Succès Masra dans une position délicate. Alors que la campagne électorale approche, il est à craindre que le dictateur n’intervienne pour annuler « la mesure gouvernementale afin de soulager les Tchadiens » et adopter des mesures d’austérité juste après la présidentielle. Bienvenue dans la Kakacratie.
Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena