Le président Mahamat Kaka est-il toujours illettré après trois ans à la tête de l’Etat ?
La question en apparence provocatrice est en fait légitime. En effet, le directeur de la communication de la présidence, M. Hassan Bouyeberi, a refusé une interview du chef de la junte à la BBC à cause, tenez-vous bien, du « mauvais niveau de français du président ». La journaliste de la BBC Arwa Barkallah s’est émue sur Twitter d’une mésaventure avec Bouyeberi. Un tweet vu par un million de personnes, faisant du Tchad la risée du monde, avec à sa tête le seul président « analphabète » de la planète.
Si solliciter les grands axes des questions à adresser au chef de l’État en vue de préparer l’interview relève d’une démarche légitime, exiger la préparation intégrale des questions tout en dépeignant un président comme étant incompétent et doté d’un « mauvais niveau » est une véritable humiliation. La gestion de la communication présidentielle constitue une fonction délicate et stratégique qui requiert l’expertise de professionnels, loin des attitudes arrogantes et incompétentes. Après des rapports tendus avec la presse nationale, que Bouyeberi cherche à museler à travers un projet de télévision controversé, c’est désormais la presse internationale que le Dircom de Kaka a réussi à se mettre à dos. Cette mésaventure n’est pas sans rappeler les expériences similaires vécues par des journalistes africains et étrangers.
En privé, Bouyeberi se targue même d’assumer un rôle stratégique : celui de traduire et d’expliquer au président, dans sa langue maternelle, toutes les stratégies de communication envisagées. À ce rythme, les bourdes vont se multiplier et le Tchad risque de devenir la version réelle du film Le Crocodile du Botswanga.
Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena.