À l’approche de l’élection présidentielle du 6 mai 2024, marquée par un climat de forte tension, le régime tchadien semble être sur la défensive avec les partenaires occidentaux du Tchad. Toutes les tendances et sondages sérieux prévoyant une issue défavorable pour le pouvoir, une nervosité palpable s’est emparée des hautes sphères de l’État.
Des sources proches de la présidence, recoupées par TchadOne, indiquent que Mahamat Kaka, dans un geste inhabituel pour un chef d’État, a directement contacté par téléphone l’ambassadeur d’un pays influent, dont nous tairons le nom, pour exprimer son mécontentement face à ce qu’il perçoit comme une « ingérence étrangère dans le processus électoral. » La junte soupçonnant ce pays de financer des observateurs électoraux et de faire sur l’Agence de Gestion des Élections pour dire la « vérité des urnes ».
Ce contact direct, en contournant les voies diplomatiques officielles, souligne la prise de conscience par le pouvoir de risques d’isolement et de sanctions en cas de coup de force flagrant ou de répression politique et policière. Les relations entre le régime et plusieurs nations occidentales se sont détériorées, notamment depuis l’expulsion de l’ambassadeur d’Allemagne et les tensions suivant des événements critiques, comme les manifestations du 20 octobre 2022, durant lesquelles plus de 300 manifestants pacifiques ont été tués.
Les États-Unis, en particulier, restent critiques face à l’action du gouvernement tchadien, particulièrement concernant la gestion de crises régionales comme celle au Soudan. Qui plus est, le régime avait demandé le départ des troupes américaines du Tchad, et les américains annonçant dans la semaine le retrait de leurs forces stationnées à Ndjamena. La France semble, pour l’instant, demeurer le principal soutien de Kaka, bien que cette position puisse être sujet à réévaluation, en fonction de l’issue des urnes et plus que tout de la réaction populaire qui s’ensuivra.
Correspondance particulière de TchadOne à N’Djamena.