Depuis la démission de Cherif Mahamat Zene et le refus de Mahamat Saleh Annadif de rejoindre le dernier gouvernement, la diplomatie tchadienne traverse une période difficile. La nomination de M. Abderamane Koulamalah au poste de ministre des Affaires étrangères a été perçue comme un coup dur pour les diplomates de carrière. Pour des raisons purement pécuniaires, l’ancien cinéaste privilégie des sommets internationaux inutiles , souvent dans des pays éloignés, au détriment du travail quotidien qu’exige sa fonction. Les principales directions de son ministère sont aujourd’hui gravement paralysées. De plus, son dernier arrêté, où il a illégalement recruté des proches et des courtisans pour ensuite occuper des postes dans les ambassades à l’étranger , a suscité une vive controverse au ministère et dans toute l’administration.
M. Abderamane Koulamalah semble vouloir aller plus loin dans une démarche qui risque de fragiliser davantage la diplomatie tchadienne. Deux fiches rédigées par le ministre, adressées à la présidence et consultées par TchadOne, plaident pour une révision du décret fixant le nombre d’ambassadeurs dignitaires et pour la révocation de certains d’entre eux. Le corps des ambassadeurs, actuellement limité à 25 membres, est composé de diplomates de haut rang, parmi lesquels des anciens ministres des Affaires étrangères tels que Cherif Mahamat Zene et Mahamat Saleh Annadif, ainsi que l’ex-ambassadeur en Chine et actuel Premier ministre Allahmaye Halina. Ce corps comprend également d’anciens ministres régaliens disposant de vastes réseaux de contacts. La première fiche de M. Koulamalah visait explicitement à écarter l’ex-ministre Cherif Mahamat Zene et un autre ancien ministre. Cette manœuvre ayant été rejetée par le Kaka, le ministre a adressé une seconde note demandant une révision du décret fixant à 25 le nombre d’ambassadeurs dignitaires, dans l’espoir de se faire nommer à ce titre. La réponse de la présidence, obtenue par TchadOne, a été sans équivoque : « Aucune révision du nombre d’ambassadeurs dignitaires ».
Se sentant sur le départ et animé par un mélange de complexe et de haine gratuite et injustifiée envers certains diplomates de carrière et ex-ministres, Abderamane Koulamalah joue son va-tout : arrêté illégal pour recruter et nommer des diplomates à l’étranger ; demande ridicule de révision des décrets sur les ambassadeurs dignitaires et frénétiquement partout dans le monde pour des résultats nuls. La diplomatie n’a jamais été aussi bas depuis 34 ans. Plus grave encore, selon des sources de TchadOne, Abderamane Koulamalah aurait reçu quelques milliers de dollars des autorités marocaines pour assister à la cérémonie d’inauguration du pseudo-consulat du Tchad à Dakhla, dans le territoire contesté du Sahara occidental. La présidence doit pleinement mesurer que la diplomatie est un domaine éminemment technique et sensible, et que sa gestion doit être confiée à des personnes hautement qualifiées. Il est impératif de respecter et de responsabiliser les diplomates de carrière, nombreux et compétents, qui sont au service de notre pays.
Correspondance spéciale TchadOne, Ndjamena