Dans une opacité quasi-totale, Mahamat Kaka est devenu actionnaire de la raffinerie de Djermaya. Après avoir déjà pris le contrôle de la SONEMIC, privatisée au bénéfice de son cercle restreint, c’est désormais sur cette infrastructure stratégique que Kaka a étendu son influence. Alors qu’officiellement, l’Etat tchadien est actionnaire à hauteur de 40% et les chinois 60 %, les choses semblent avoir été trafiqués avec la complicité des chinois. Selon des sources bien informées, l’une à la présidence et l’autre dans les milieux d’affaires, le défunt maréchal Idriss Déby détenait déjà 20 % des parts de la raffinerie. Ces parts auraient été « héritées » par Mahamat Déby qui, selon ces mêmes sources, a fait pression sur les partenaires chinois pour accroître ses parts, en orchestrant notamment des pénuries artificielles de carburant et en augmentant les importations de diesel en provenance du Niger. Dans un pays au fonctionnement normal, un tel changement de capital dans une infrastructure stratégique aurait dû pousser le parlement à se saisir.
L’emprise de Mahamat Kaka et de ses entreprises ne s’arrête pas là. Extraction de l’or, travaux publics, énergie, transports, aviation civile, médias ou encore immobilier : aucun secteur clé ne semble échapper à cette prédation. Les vastes réseaux d’entreprises sous son contrôle étouffent ce qui reste de l’économie tchadienne ( TchadOne prépare un article spécial sur les entreprises de Kaka). L’État s’affaiblit tandis que le peuple s’appauvrit, plongé dans une crise économique de plus en plus profonde. Le chômage, l’inflation et la pénurie généralisée de biens de première nécessité aggravent une situation déjà précaire.
Ce qui est encore plus alarmant, c’est que les profits générés par cette mainmise sur les ressources nationales sont largement détournés vers des paradis fiscaux. Des centaines de milliards de francs CFA échappent au circuit économique national pour être transférés vers des comptes offshore, notamment à Dubaï, en Turquie, à Singapour, ou encore dans les Îles Vierges britanniques, affaiblissant davantage l’économie nationale et réduisant les capacités de l’État à investir dans les secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation ou les infrastructures.
Les conséquences de cette prédation systématique sont catastrophiques pour l’État tchadien. En détournant les ressources du pays à des fins privées et en les externalisant vers des paradis fiscaux, l’élite dirigeante mine non seulement l’économie nationale, mais compromet aussi la souveraineté de l’État. Ce pillage affaiblit l’autorité de l’État, aggrave les inégalités sociales et prive la population des bénéfices de ses propres richesses. À terme, ces pratiques risquent de conduire à un effondrement économique, un mécontentement populaire croissant et une instabilité politique durable, menaçant ainsi l’avenir même du Tchad, et avec lui, la seule lueur d’espoir : la fin de ce régime qui creuse aussi sa propre tombe.
Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena