La République du Tchad, bien que non reconnue officiellement comme un producteur majeur de minerais ou de métaux précieux, se trouve au cœur d’une exploitation minière incontrôlée et largement méconnue. L’extraction de ressources stratégiques telles que l’or, le diamant, le platine et l’antimoine, un métal rare essentiel pour l’industrie des semi-conducteurs, est qualifiée d’« artisanale ». Cependant, des documents confidentiels du ministère des Mines, obtenus par TchadOne, jettent une lumière crue sur l’étendue réelle du pillage systématique des richesses du sous-sol de notre pays par des réseaux proches du pouvoir.
L’analyse de ces documents révèle qu’un total de 138 entreprises minières opèrent sur 327 sites miniers à travers le pays. Parmi ces sites, 324 sont dédiés à l’extraction de l’or, 2 à l’antimoine, et un permis de recherche a été délivré pour l’exploitation du diamant dans la province du Logone Oriental. Les principales zones d’exploitation se concentrent au Tibesti et au Batha, mais ce pillage illégal s’étend également à dix autres provinces : Ennedi Est et Ouest, Guéra, Salamat, Mayo Kebbi Est et Ouest, Logone Oriental, Wadi-Fira, Sila, et Hadjer-Lamis. En outre, le document confirme l’exploitation clandestine de plusieurs mines de platine, un autre métal rare d’une grande importance stratégique.
Malgré l’exploitation active de 327 mines, aucune retombée financière n’est perçue par le trésor public pour la construction d’infrastructures essentielles telles que des écoles, des hôpitaux, ou des routes. Le chômage des jeunes s’accentue avec ses corolaires et la famine guette le pays. Plus de 80 000 travailleurs non déclarés subissent des conditions de travail inhumaines et sont privés de tout droit.
Le pillage de ces ressources s’opère sous le contrôle direct de cercles influents proches de Mahamat Kaka. Parmi les entreprises impliquées, la SONEMIC, autrefois société publique, a été privatisée au bénéfice de Mahamat Kaka, président de république, et placée sous la direction du Général Bèguera. Une autre entreprise, GEMIA Mineral, bénéficie de la concession des riches mines d’or du Batha et du Tibesti appartient au président lui-même. Dans la majorité des cas, si les entreprises ne sont pas directement liées à la famille présidentielle, elles sont sous le contrôle indirect de la SONEMIC. À titre d’exemple, la société GLGLI SARL, qui exploite quatre mines d’antimoine et deux mines d’or dans la région du Tibesti, appartient au Général Korè, frère cadet de Mahamat Kaka, tandis que toute la production est rachetée par la SONEMIC pour être écoulée sur les marchés internationaux : Turquie et Chine.
Cette gestion chaotique et opaque du secteur minier a des conséquences dramatiques pour la nation. Des centaines de milliards de francs CFA, qui auraient dû financer le développement du Tchad, sont détournés au profit d’une minorité et transférés à l’étranger. Le coût humain est également insoutenable : des milliers de jeunes sont exploités, sous-payés et exposés à des conditions de travail dégradantes. De plus, l’environnement est gravement menacé par l’utilisation incontrôlée de produits toxiques tels que le cyanure et le mercure, mettant en péril l’écosystème local et la santé des populations.
Face à cette situation, TchadOne exhorte les organisations de la société civile tchadienne à s’emparer de cette problématique cruciale et à alerter la communauté internationale sur le pillage sans précédent des ressources du pays par un régime mafieux et prédateur. Nous fournirons de plus amples informations sur les connexions internationales de ce scandale dans les jours à venir.
Les documents confidentiels
Correspondance spéciale de TchadOne à Ndjamena.