Les révélations de TchadOne sur le détournement de fonds publics et le conflit d’intérêts au ministère des Transports ont semé la panique au sommet de l’État. Pris de court, COC-Tchad et son directeur, Hamid Djimino, ont aussitôt publié un communiqué dénonçant un prétendu « complot » et s’accrochant, dans une manœuvre grotesque, à une distinction absurde entre « redevance » et « taxe ». Ce jeu de mots ne trompe personne : les commerçants et les consommateurs tchadiens paieront l’addition, tandis que l’État perdra plusieurs milliards de francs CFA au profit d’un réseau mafieux bien organisé.
Pendant que le pillage se poursuit, le mari de la ministre des Transports est lui aussi sorti de sa forge pour réclamer, sans honte, un « débat ». Quant à la parachutée de ministre sous emprise, elle s’est livrée à des intimidations contre ses propres fonctionnaires, les sommant de relayer les attaques contre TchadOne sur les réseaux sociaux. Symptomatique d’un système aux abois.
Venons-en aux faits. TchadOne a mis la main sur un contrat liant le ministère des Transports, via COC-Tchad, à l’entreprise K-Polygone SAS. Ce document dément la propagande de COC-Tchad et confirme l’existence d’une vaste machine de corruption. Noir sur blanc, Hamid Djimino signe l’accord cédant 40 % des fonds issus de la redevance armatoriale à K-Polygone SAS pour une durée de cinq ans. Ce simple fait anéantit les mensonges répétés de COC-Tchad prétendant à un “partenariat provisoire”, cette convention scelle en réalité un pillage structuré sur plusieurs années. Pire encore, 90 millions de francs CFA ont déjà été versés à cette société pour la “mise en place du système”, sans aucun cadre légal ni appel d’offres. Une entreprise étrangère est donc sélectionnée pour collecter des fonds publics et en siphonne 40 % en toute impunité.
Mais là où l’affaire prend une tournure encore plus scandaleuse, c’est dans l’arrogance affichée par Hamid Djimino, qui répète à qui veut l’entendre qu’il a signé ce contrat avec l’accord du Président de la République. Cette déclaration, distillée avec un aplomb déconcertant, en dit long sur le sentiment d’impunité qui anime ces réseaux de prédation. En d’autres termes, Djimino tente de se protéger en impliquant le plus haut sommet de l’État, convaincu que son pillage ne sera jamais inquiété.
Comme nous l’avons déjà exposé, K-Polygone SAS n’est pas la propriété exclusive du Béninois Césaire Kapko. Il ne s’agit en réalité que d’une société-écran, derrière laquelle se cachent Hamid Djimino (directeur général de COC-Tchad), Brahim Mourtallah (mari de la ministre des Transports) et le directeur de K-Polygone. Leur montage est d’un cynisme absolu : une société soi-disant française obtient un marché opaque, pendant qu’une filiale fictive montée au Cameroun permet aux trois associés de se partager discrètement 40 % des fonds.
Un cadre du ministère des Transports nous éclaire :
« Le contrat avec K-Polygone a été géré dans la plus grande opacité par le duo Djimino-Mourtallah. Personne au ministère des Transports n’a eu accès au contrat, même les cadres de COC-Tchad. »
Pendant ce temps, les commerçants et consommateurs tchadiens trinquent. Contrairement aux élucubrations du communiqué de COC-Tchad, les armateurs et compagnies maritimes répercuteront immédiatement cette nouvelle charge sur leurs coûts, ce qui se traduira par une hausse des prix des importations. Et pour le Trésor public ? Un manque à gagner de plusieurs milliards qui disparaîtront directement dans les poches de ce trio mafieux.
TchadOne reviendra également sur un autre volet explosif du dossier : le compte bancaire UBA illégalement mis en place pour la collecte de cette redevance. Comment un compte privé peut-il être utilisé pour manipuler des fonds publics en dehors de tout cadre réglementaire ? Qui sont les véritables bénéficiaires des transactions effectuées sur ce compte ? Autant de questions qui confirment que nous sommes face à une opération de prédation pure et simple.





Correspondance particulière – TchadOne, N’Djamena
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