Depuis plusieurs jours, la région du Darfour, située à l’ouest du Soudan, est de nouveau le théâtre de violents affrontements. Les Forces de soutien rapide (FSR), qui contrôlent cette région depuis novembre 2023, font face à des mercenaires, principalement venus du Tchad, appuyés par des officiers de l’armée tchadienne et des troupes soudanaises.
Le Darfour avait pourtant connu une accalmie depuis la prise de contrôle de la région par les FSR, avec une disparition des affrontements interethniques. Cependant, un groupe de mercenaires tchadiens, soutenu par des officiers de haut rang, semble vouloir relancer la guerre dans cette région déjà meurtrie par des décennies de conflits.
Selon des sources locales, une colonne de près de 600 véhicules, en provenance de Bahaï et de Tiné, aurait tenté d’infiltrer la région. Cette opération s’est soldée par un échec cuisant, la colonne ayant été entièrement détruite. Ces informations, corroborées par des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, montrent des prisonniers tchadiens capturés par les forces adverses.
Parmi les officiers tchadiens impliqués dans cette opération figurent plusieurs généraux influents de l’armée tchadienne. Charfadine Biguera, Ibrahim Allawahid, Adam Noky Charfadine et Ousmane Bahr Itno seraient directement engagés dans le recrutement des mercenaires et la livraison d’armes aux forces rebelles du Darfour. Des captures d’écran partagées sur les réseaux sociaux révèlent notamment une publication où un membre influent des rebelles soudanais remercie Ousmane Bahr Itno pour une livraison d’armes à Al Alfashir, l’une des villes clés de la région du Darfour-Nord.
Cette implication de l’armée tchadienne dans le conflit ne serait pas sans conséquences politiques. Lors de la rencontre à Paris, Mahamat Kaka, le président tchadien, aurait été fortement déconseillé par les autorités françaises de s’engager plus avant dans ce conflit. Les Français auraient notamment mis en garde Mahamat Deby contre les risques “irréversibles” que pourrait entraîner une participation active du Tchad, tant pour la stabilité régionale que pour la survie de son régime.
Pour l’heure, les combats continuent de secouer le Darfour, alors que la communauté internationale s’inquiète des répercussions possibles de cette nouvelle escalade dans une région déjà fragilisée. Nous suivrons de près l’évolution de la situation et ses conséquences sur le régime tchadien.
F. Mahamat, Journaliste politique et spécialiste du Soudan