Le 14 février 2016, il y a neuf ans jour pour jour, la jeune Zouhoura, alors âgée de 16 ans, était enlevée et v*iolée par un groupe de fils de généraux. Ce crime odieux avait provoqué une onde de choc à travers le Tchad, déclenchant des manifestations massives à N’Djamena, Faya et au-delà. Le défunt président, le maréchal Idriss Déby Itno, était même intervenu sur les réseaux sociaux pour qualifier l’acte de « barbare ». Les coupables, arrêtés puis jugés lors d’un procès qualifié de mascarade judiciaire par la société civile, avaient écopé de dix ans de prison ferme. Parmi eux figurait Mahamat Baradine Hissein.
Or, aujourd’hui, ce dernier occupe le poste de directeur adjoint du personnel au ministère de l’Environnement. Une promotion qui interroge : comment un condamné pour v*iol évite-t-il l’exécution de sa peine et se voit-il propulsé à des responsabilités étatiques ? Cette nomination, révélée neuf ans après les faits, jette une lumière crue sur le fossé entre les discours officiels et les actes du régime. Alors que des policiers sont récemment radiés pour v*iol et apologie de violences sexuelles, cette décision traduit un système à deux poids, deux mesures, distinguant arbitrairement les Tchadiens selon leur origine ethnique et sociale.
L’affaire Zouhoura demeure un symbole. Celui du courage d’une adolescente ayant brisé l’omerta pour dénoncer ses bourreaux, malgré les pressions d’un système répressif. Elle incarne aussi l’échec d’une justice qui, après une condamnation théâtrale, laisse l’impunité prospérer. En nommant un des auteurs de ce crime à un poste clé, le régime de Mahamat Kaka envoie un message alarmant : la dignité des femmes et la lutte contre les violences sexuelles seraient négociables au gré de l’influence des v*ioleurs.
Quant aux rumeurs évoquant un « deal » entre le père de Zouhoura et les autorités à l’époque, elles méritent d’être fermement dénoncées. Elles sont fausses et ridicules. Et aucune allégation ne saurait justifier la réhabilitation d’un criminel condamné. TchadOne réaffirme son engagement à suivre ce dossier avec rigueur et à exiger justice pour Zouhoura, afin que son combat ne sombre pas dans l’oubli.
La lutte contre l’impunité n’est pas une option, mais un impératif moral pour l’avenir de notre pays.
Correspondance particulière TchadOne – N’Djamena