Les Tchadiens ont été tenus en haleine toute une journée par un méli-mélo digne d’un mauvais feuilleton. Selon des sources TchadOne, trois principaux blocages ont retardé de 24 heures l’annonce du gouvernement.
D’abord, la « question des Transformateurs ». Le parti de Succès Masra a refusé d’intégrer l’exécutif en raison de portefeuilles jugés insignifiants, illustrant la difficulté du pouvoir à élargir sa base sans véritable concession.
Ensuite, la nomination du ministre des Infrastructures a été un point de friction majeur. L’opposition interne au sein du cercle présidentiel, notamment portée par le secrétaire général du MPS et ministre sortant Aziz Mahamat Saleh, s’est opposée au choix final. Le nouveau ministre, ancien secrétaire général du ministère, est perçu comme un affairiste dépourvu de vision, incompétent et incapable de piloter les grands chantiers du pays. Proche du Dr Idriss Saleh Bachar, directeur de cabinet de la présidence, et déjà soupçonné de malversations, il a néanmoins réussi à s’imposer.
Autre point de crispation : la tentative d’intégrer au gouvernement l’éboueur de Montréal à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports. Face à ce choix jugé farfelu et dangereux, un veto unanime a été opposé, tant par le MPS que par la classe politique. Cette nomination aurait envoyé un signal désastreux en termes de compétence et de sérieux dans la gestion des affaires de l’État.
Seules deux nominations semblent faire consensus : le Dr Abdoulaye Sabre et Gassim Cherif. Le premier, nommé ministre des Affaires étrangères, remplace Abderamane Koulamallah, dont la gestion a été calamiteuse. « Aziz Mahamat Saleh a fini par lui couper la tête », confie une source à TchadOne. Dr Sabre, un technocrate compétent, rassure par son expérience et sa loyauté forgée par une longue traversée du désert. Son arrivée pourrait permettre de réhabiliter les cadres du ministère marginalisés sous Koulamallah.
Quant à Gassim Cherif, sa nomination vise à restructurer la communication présidentielle et gouvernementale, jusqu’ici entre les mains de deux « guinarous » incompétents et opportunistes : Koulamallah et le Soudanais Bouyeberi. Le constat était sans appel : la communication du régime était un fiasco, et il fallait y remédier.
Mais au-delà de ce remaniement, la réalité demeure inchangée. Tant qu’il n’y aura pas de véritable rupture politique, ces jeux d’influence et de positionnement ne feront que repousser la résolution des problèmes fondamentaux des Tchadiens. Derrière le rideau des intrigues et des marchandages, le quotidien du peuple reste marqué par la précarité, l’insécurité et l’absence de perspectives.
Correspondance particulière TchadOne à N’Djamena